Origine et histoire du Château de Boussac
Le château de Boussac, situé sur la commune de Boussac dans la Creuse en Nouvelle-Aquitaine, domine la Petite Creuse à la confluence d'un petit affluent, à environ 40 km au nord-est de Guéret. Établi sur un site occupé dès l'époque romaine, un château primitif des XIIe-XIIIe siècles existait avant d'être détruit par les Anglais pendant la guerre de Cent Ans. Reconstruit au début du XVe siècle par le maréchal Jean de Brosse, l'édifice fut remanié aux XVIe et XVIIe siècles et servit de siège de baronnie, voire de vicomté. En avril 1794 la municipalité, sous la pression de la société populaire de Lépaud et de l'administration départementale, ordonna le démantèlement ; un adjudicataire entreprit dès juillet de combler les fossés, raser le donjon et abattre toitures, portail et fortifications, tandis que le corps principal resta à peu près intact. Au-dessus du linteau de la porte d'entrée subsistent les armes de la famille de Brosse, sculptées dans la pierre. Vendu en 1833 à la municipalité puis racheté par le département, le château abrita à partir de 1838 le siège de la sous-préfecture de Boussac. Prosper Mérimée et George Sand y découvrirent les six panneaux de La Dame à la Licorne, tapisseries flamandes aujourd'hui conservées au musée du Moyen Âge à Paris. Après 1926, le château accueillit une caserne de gendarmerie. Acquis en 1965 par M. et Mme Blondeau, il fut restauré et meublé ; M. Blondeau, qui s'intéressait à la tapisserie d'Aubusson, racheta la manufacture Saint-Jean à Aubusson. Classé au titre des monuments historiques par arrêté du 25 juillet 1930, il est ouvert à la visite. Bâti en surplomb d'une falaise aplanie, le château présente un plan rectangulaire flanqué de deux tours carrées, d'une tourelle d'escalier à trois pans sur la façade est et d'une grosse tour ronde à l'angle sud-ouest ; cette dernière a conservé des corbeaux appartenant à un ancien mâchicoulis. La façade sud, rythmée par des tours rectangulaires coiffées de tuiles, affiche un aspect austère de pierres brunes. Les lucarnes du XVe siècle conservent des pignons à crochets, des fleurons et des compartiments flamboyants, et une porte d'escalier en arc brisé est surmontée d'un tympan sculpté ; les fenêtres des premier et second étages ont été remaniées au XVIIIe siècle. À l'intérieur, l'ancienne salle des gardes conserve deux cheminées du XVe siècle, dont l'une est ornée d'une frise ; ces cheminées ainsi que les lambris de la chambre occupée par George Sand ont été classés à titre d'objets le 18 mai 1927. La chambre du deuxième étage fut occupée à plusieurs reprises par George Sand, notamment pendant une épidémie et au cours de la guerre de 1870, et c'est là qu'elle écrivit Journal d'un voyageur pendant la guerre. Le château abrite une importante suite de tapisseries d'Aubusson, du XVIIe siècle à l'époque contemporaine, et les premières salles d'exposition présentent des œuvres du XXe siècle de Jean Lurçat, Jean Picart Le Doux et Dom Robert. Pierre Leroux, rencontré par George Sand en 1835 ou 1836, s'installa à Boussac après l'obtention d'un brevet en décembre 1843 pour créer une imprimerie ; il y forma une communauté d'adeptes, chercha à développer l'édition et l'imprimerie locale, puis fut élu maire de Boussac au printemps 1848 et député aux élections complémentaires de juin 1848. Malgré les légendes locales, le prince turc Zizim n'a jamais séjourné à Boussac et n'a aucun lien avec les tapisseries appelées La Dame à la Licorne. Aujourd'hui le château, connu pour avoir hébergé George Sand et Pierre Leroux, est visitable et présente des espaces tels que la tour d'escalier, la salle des gardes, la salle à manger et le salon, ainsi que ses collections de tapisseries.
